W.E sur la côte baltique - Isthme de Courlande
Dimanche
Lever matinal (enfin tout est relatif). Nous avons un programme chargé puisque nous devons visiter l’isthme de Courlande et sur le chemin du retour nous arrêter à la colline des croix près de Siaulai. Mais on abandonnera rapidement cette dernière excursion, pour pouvoir profiter pleinement de la presqu’ile. Et bien nous en a pris. Une journée entière n’est vraiment pas de trop.
Après avoir pris la navette-ferry, nous nous retrouvons 500 m plus loin
à Neringa, le nom donné à la commune de l’isthme. On prend un rapide
petit déjeuner à Juodkrantė, la deuxième ville (ou plutôt village) de
la péninsule, dans une minuscule cabane en bois d'un style pré-fabriqué
avec vue sur la mer.
Puis direction Nida, le plus grand village,
situé à proximité de la frontière russe (4km). Car l’isthme de
Courlande est séparé en deux : une partie lituanienne et l’autre russe,
qui fait face au territoire de Kaliningrad.
Nida est aussi connu pour la plus belle dune de Courlande, la dune de Parnidis, seconde plus grande dune après celle du Pyla (j’ai d'ailleurs appris à mon grand plaisir que “pyla” voulait dire “dick” en portugais. Mais je ne sais pas si ça un rapport). Et je comprend pourquoi cette dune est tant réputée. J’ai eu la chance d’aller à celle du Pyla, mais celle-ci, en terme de beauté, la dépasse allègrement.
Je ne peux résister à citer Jean Paul Sartre, qui a séjourné en Lituanie et notamment à Nida, avec sa compagne Simone de Beauvoir, lors de l’été 1965 : “Nul part au monde, je n'ai vu un tel paysage (...) il est peu probable que le Créateur soit à l'origine de la beauté de Nida : il n'avait pas assez d'imagination.” source : Les cahiers lituaniens
Les photos ne peuvent rendre compte de la beauté du site. Il faut y être, marcher sur ce sable, sentir le vent glacial venu de la lagune vous fouettez le visage, cette odeur de pin mélangé à celle de la mer, ces dunes à perte de vue, ces forêts voisines...
J’ai l’impression d’être au milieu de montagnes enneigées. je me sens tellement bien. On aurait envie de rester ici des heures à s’asseoir et juste profiter de ce moment.
Malheureusement le soleil commence à faiblir, et nous devons rentrer pour faire une petite halte sur le chemin du retour à Juodkranté.
Malgré mes requêtes successives, Mario roule trop vite. Pas le temps de contempler le décor de ses forêts denses qui s’offre à nous. Et puis bon il y a toujours le risque de se prendre un animal sorti de nul part. D’ailleurs on voit un renard traverser la route juste devant nous, mais le temps de faire marche arrière (puisque je vous dis qu’on roule trop vite), il est trop loin pour qu’on puisse le prendre convenablement en photo.
Je suis collé à la fenêtre (glaciale) de la voiture et je regarde les arbres défiler à vive allure.
Un arbre, un arbre, un arbre, un arbre, un arbre, un élan, un arbre, un arbre... “Hooolly Shiiit” (Depuis le temps que je rêvais de le sortir celui là. J'y mets en plus une intonation parfaite) “Mario stop this fucking car and go back! Quick!”
Totalement hallucinant, je suis resté tellement con. Personne ne l’a vu mais il y avait un Elan posté au milieu de tous ces arbres à moins d’1m50 de la route. Pendant un dixième de seconde je n’ai pas réalisé. Tellement impensable que je pensais que c’était un faux, ou un truc en bois pour une pub.
Marche arrière sur la nationale, plutôt déserte en cette période de l’année, on se retrouve à nouveau face à l'élan. Une bête imposante dont les bois au-dessus de la tête doivent facilement atteindre 2m d’envergure.
Mais vous pouvez imaginer une voiture avec 4 portugais qui voient un Elan. Ca fait du bruit (élan ou pas d’ailleurs, un portugais fait tjs beaucoup trop de bruit). Effrayée, la bête part se réfugier un peu plus loin. On le voit toujours très bien, mais cela devient quasi impossible de prendre une photo.
Il va faire nuit dans 20 min. On est en plein milieu d’une route national avec une voiture qui arrive au loin et l’animal se trouve à 50m.
Putain, comme un con j’avais fait joujou avec mon appareil 1/2 h avant et tester plein de réglages à la con. J’aurais peut être eu le temps de le prendre avant qu’il s’enfuit. On aurait pu faire moins de bruit.
j’hésite à descendre de la voiture. mais bon je ne veux pas le déranger. et puis je ne connais pas bien les réaction qu’un élan pourrais avoir. Tant pis pour cette fois-ci.
On repart donc se balader dans la forêt Juodkranté, plus précisément dans la colline des Sorcières. Malheureusement, il fait déjà nuit, donc on ne voit pas grand chose, mais ça rajoute un peu au trip sorcières. On ne serait pas venu se balader ici tout seul.
On peut clairement distinguer un fantôme sur cette image.
Il est donc temps de rentrer sur Klaipeda par le ferry puis sur Vilnius, des images plein la tête, en réalisant la chance que j’ai de voir de telles choses.